Août 2028. Quartier de l’Opéra, Paris. 17h28
Naaaaaan, c’est toi Bentou ? Mon Dieu que tu as changé. Je t’ai reconnu à la voix quand tu as demandé un ticket pour Fontainebleau.
Que deviens tu ?
Oh moi, je suis juste venu chercher une montre à réparer et j’en profite pour traîner un peu dans ce quartier, tu sais combien j’aime Paris au mois d’Août (les vrais et les vieux savent), combien j’aime le magasin Uniclo et je suis venu y faire quelques emplettes pour ma femme et ma petite dernière.
Oui, je suis toujours en couple avec V. On a eu notre enfant y’a 2 ans déjà. Oui un an après notre rupture à toi et moi, je sais.
Tu sais, ça a été assez fulgurant. Vu notre âge, on savait pertinemment que nous n’avions pas toute la vie devant nous. Y’avait une fenêtre de tir et on l’a prise. Tu connaissais mon désir de perpétuer l’espèce d’un côté et mon côté Z..emmourien de grand remplacer la Fronce de l’autre.
Elle court dans tous les sens. Oui encore une fille. A croire que je ne sais faire que des filles. Brune, la petite coupe carré et d’une vivacité sans nom. C’est simple, elle court toute la journée et s’écroule sans mélatonine le soir d’un coup. Elle me rappelle un peu toi. Et qu’est ce qu’elle mange !!! Elle nous coûte plus cher en bouffe qu’en vêtements. Elle me rappelle encore plus toi. Son dessert préféré est le Saint Honoré et la crème caramel. Comme toi aussi.
Tu la verrais piquer les chaussures à talon de sa mère pour faire « la dame » devant le miroir, c’est un bonheur que seul les parents peuvent comprendre. Je suis fou d’elle. C’est pour ça que j’ai donné son prénom à la marque de conserverie que j’avais comme projet à l’époque où nous étions ensemble.
Et toi ? En couple ? non ? Pas d’enfant non plus ? Je respecte ton choix. Tu as la liberté en tous cas, pas d’attaches et tu peux d’un coup de tête faire ce que tu veux.
Quoi ? Même pas !!
Toi ? Toi t’as arrêté de faire la teuf ? Et le libertinage ? les gb et autres joyeusetés ?
Ah. Le monde de la fête à changé à Paris.. Et le monde libertin n’est plus ce qu’il était. Quoi ? Wyylde a coulé ? La plupart des orgas sont en prison depuis que la Loi a changé. Pfiuuu tu m’en apprends des choses putain.
Bas disons que t’a 40 ans maintenant et la génération suivante qui pousse derrière pour explorer ses vingt ans nous rends inconsommables. Ca ne se dit plus « boomer/se » en 2028. Je me rappelle combien on riait ensemble lorsque tu me traitais de boomer. Je t’avais prédit qu’un jour, ce serait ton tour.. lol (oui je sais, même lol ne se dit plus). Je vois en tous cas que tu as peu changé, tu es toujours aussi lumineuse, mais ton sourire n’est plus le même.
T’es sûre ?
Tu veux vraiment en parler ? Tu veux vraiment comprendre pourquoi ça n’a pas marché nous deux ? Tu sais je ne veux pas te blesser et pour moi, c’est de l’histoire ancienne, no offense.
Tu te rappelles quand je fronçais les sourcils quand je te voyais te mettre une race chaque week end, pour n’importe quelle raison ? Tu te rappelles quand je te disais et répétais que la teuf, le libertinage, les gangbangs, l’exploration de tous tes fantasmes et tes perversions au prix de ta vie de couple, de ta santé mentale et physique (rappelle toi tes vaginoses, tes herpès et toutes la collection d’ist qu’on s’est mangés). Tu te rappelles quand je voulais juste passer des moments avec toi, mais que tes engagements envers ta vie sociale, juste pour tes loisirs nous ont empêcher d’apprendre à construire ensemble, à s’aimer malgré nos défauts ? Tu te rappelles quand je te disais d’y aller mollo et de ne pas faire d’un loisir un mode de vie. J’étais bien placé pour le savoir à l’époque j’organisais encore 300 partouzes par an. Oui j’ai arrêté après notre rupture. Je ne supportais plus de te voir aller partouzer chaque semaine chez tous les organisateurs et clubs en plus de ton penchant pour l’escortisme, comme si on avait besoin d’argent. J’ai arrêté car j’ai vu trop de femmes, de couples et d’hommes regretter d’avoir trop brûlé la chandelle par les deux bouts et que je voulais te sauver de tout cela.
Et le jour où tu as décidé de quitter l’humanité pour te répandre dans la fange et l’autodestruction au point de vouloir te taper un chien en étant camée, avec ta copine j’ai préféré partir. Comme je te l’ai toujours dis : « tous les fantasmes n’ont pas vocation à être réalisés ». Moi qui adorait sentir tes cheveux, j’ai eu du dégoût pour toi ce jour là. Je me demande si tu l’as fait d’ailleurs ? Non ? le mec était un mytho et le Maître chien s’est rendu compte que son chien était castré ? Un lundi après-midi quoi.
Ca avait fini de me niquer la libido et ne plus avoir de désir pour toi. Ma libido qui, je me le rappelle maintenant à pu être réparée grâce à toi. Grâce à toi j’ai pu jouir pour la première fois dans la bouche d’une femme, puis sur ses seins, puis son visage. Avec toi, j’ai appris à souiller, à dégrader une femme avec le sourire, le respect et qu’elle me dise merci. V en profite allègrement et pense que je suis le meilleur amant du monde. Pour ça, je te dis merci.
Je vois à ton regard que tu es triste et que tu regrettes. Je sais, c’est une histoire qui aurait pu être merveilleuse car intellectuellement tu es éblouissante. Tu as le cerveau gracile. Je me sentais beau avec toi à mes bras. La seule chose que j’ai prise en partant était cette fameuse fourchette que nous avions volé toi et moi au bel canto. C’est mon fétiche. V. ne comprends pas pourquoi je garde cette fourchette. Je lui ai menti pour la seule et dernière fois. Je lui ai dit que cette fourchette était le souvenir de ma première prestation traiteur.
Je te laisse, ma chérie m’appelle, elle m’a fait la surprise de m’emmener à Vienne, mais comme elle a payé avec ma Cb, je fais semblant de pas savoir.
Je te souhaite le meilleur.
Z.
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